1561. La ville de Morlaix devient Communauté.

Les origines de la ville de Morlaix demeurent, pour nombre de spécialistes, obscures. La découverte de vestiges gallo-romains témoigne de son histoire ancienne. Mais faute de sources fiables nous sommes bien en peine de fixer, même approximativement, la naissance d’un premier noyau urbain primitif. A contrario la naissance de Morlaix en tant que Communauté officielle est bien documentée. Elle date de 1561.

1561. Grande Rue        1561. Rue du Four Saint Mathieu

Jusqu’à cette date la cité est administrée par un procureur chargé de convoquer les assemblées, d’un trésorier et de jurats, l’équivalent de nos conseillers municipaux. Elle possède aussi son propre budget et jouit de nombreux privilèges. Mais la cité demeure sous la tutelle des autorités centrales. Morlaix « l’une des principalles [ville] (…) de Bretagne (…), habitée de bons et notables bourgeois (…) » et « fréquentée de bons marchands tant étrangers que circonvoisins » aspire à d’avantage d’indépendance. Au début de l’année 1561 les dirigeants veulent la doter des institutions idoines et officielles qui la feront basculer dans le cercle très fermé des Communautés de ville. Seule Nantes a ce statut en Bretagne. C’est chose faite en septembre de la même année dans une lettre patente du roi Charles IX (1550-1574) et dont une copie ancienne est conservée aux archives de la ville.

1561. Vue supposée de Morlaix      1561. Lettre patente

Dans cette lettre, l’équivalent d’un acte législatif, le roi accorde à Morlaix « grande et bien peuplée » faisant « grand traffic de marchandises », un « corps de ville composé d’un maire, deux échevins [l’équivalent des adjoints] et douze jurats [l’équivalent de conseillers] » élus pour une année et par moitié pour les jurats. Le roi concède à ses édiles des pouvoirs importants sur la gestion de la ville allant jusqu'à déléguer des pouvoirs de police de la ville et des marchandises, et de justice assez étendus car il autorise le corps municipal à punir pécuniairement ou physiquement les contrevenants. Elle consacre l’indépendance de la ville vis-à-vis des juges royaux qui ne peuvent prétendre aux fonctions de la nouvelle administration. La justice royale voit cet acte d’un très mauvais œil car cela empiète sur ces propres prérogatives. Ainsi prend racine une rivalité vivace jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.

Cette lettre de 1561 est enregistrée l’année suivante par le Parlement de Bretagne. Les parlementaires prêtent une oreille attentive aux doléances des juges royaux. La lettre de 1561 est modifiée. Le corps politique se réuni certes dans leur maison de ville pour « délibérer des affaires communes » mais doit prêter serment devant le sénéchal de Morlaix, l’équivalent d’un officier judiciaire du roi. Le substitut du procureur général du roi assiste aux assemblées. La lettre de 1561 s’en trouve quelque peu vidée de son sens en réaffirmant une forme de tutelle sur la ville. Les rivalités entre pouvoirs civil et judiciaire ont eu raison de cette ambition. Il faudra attendre la Révolution pour que la situation évolue en faveur des édiles.

 

Illustrations : 1) Grand Rue, côté des vieilles halles au XIXe siècle ; 2) Rue du Four-Saint-Mathieu au XIXe siècle ; 3) Vue supposée de Morlaix au XVIe siècle (ces trois images sont issues du Fonds des cartes postales des Archives municipales de Morlaix) ; 4) Lettre patente de 1561, première page, copie du XVIIIe siècle

 

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