1855. Les écluses de Morlaix.

Les écluses sont achevées en 1855. Elles parachèvent les aménagements portuaires débutés au siècle précédent. Le bassin à flot est créé. Une chasse matérialisée par un barrage maçonné permet le désenvasement du port. Mais comme tout travail d’ingénierie ce résultat est le fruit d’une longue maturation.

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30 ans plus tôt. L’envasement du port inquiète les édiles. Les sédiments charriés par les rivières ne s’évacuent plus suffisamment faisant craindre un déclin des activités portuaires et donc commerçantes de la ville. Une écluse à chasse est imaginée, formée d’un barrage de maçonnerie et d’une porte à deux battants, dite « porte busquée ». La porte est ouverte à marée haute puis refermée au reflux. La retenue d’eau créée permet aux navires de se maintenir à flot, de manœuvrer plus aisément dans le port, d’éviter de talonner le fond vaseux, etc. Les conseillers font remarquer que la construction d’écluses est un moyen efficace de lutter contre les inondations « presque annuelles » causées par les grandes marées d’équinoxe. Le pont éclusé faciliterait aussi le passage entre les deux quais de la ville particulièrement aux ouvriers de la manufacture qui habitent à Ploujean. Bref que des avantages ! La création de ce bassin provoquerait l’arrêt du Moulin-du-Duc, situé grosso-modo à l’emplacement de l’hôtel de ville actuel, car l’eau « noierait ses manœuvres, il sera paralysé ». À noter qu’à cette époque l’eau baignait les pieds de l’ancienne mairie. Un bien pour un mal car la suppression de ce moulin permettrait aussi celle du barrage « qui cause (…) des dégradations » lors des inondations. Le conseil émet un vœu favorable. Mais « la faiblesse ou même la nullité des moyens de la ville, son défaut complet de ressources » et la circonspection des Ponts-et-Chaussées quant à ces « avantages douteux » remet ce projet sine die.

En 1835 un projet de barrage avec une écluse à sas émerge pour « l’amélioration du port » sur proposition de la Chambre de commerce. Ce coup-ci la ville est disposée à contribuer aux frais. Le projet achoppe sur son emplacement plus ou moins éloigné dans la rade : au tournant de Toul-Mao ou à l’entrée du port. En 1837 le projet de Toul-Mao tient la corde car il est avantageux pour les marines marchande et militaire. Un projet déjà imaginé par Charles Cornic en son temps ! Mais en 1839 c’est finalement le projet défendu par les Ponts-et-Chaussées qui est adopté, celui proche du port. Les travaux sont lancés en 1846 et réceptionnés dix ans plus tard.

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Illustrations : 1) Écluses maritimes de Morlaix, vers 1910 ; 2) Torpilleur à la sortie des écluses, vers 1910

 

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