Retour sur l’histoire du manoir de Suscinio

Haut lieu de l’histoire ploujeannaise, le manoir a été en partie dévasté par un incendie début mars 2023 rappelant aux plus anciens l’incendie qui ravagea les 4/5e de l’édifice en janvier 1972. Rappelons ici l’histoire ancienne de ce lieu. 

Suscinio ou Chuchuniou, selon la prononciation locale, signifierait le « petit tertre » en breton. Lové dans un cadre de verdure et dominant l’actuel lycée agricole, le manoir puise ses racines au XVIe siècle. Les archives de la ville font remonter son histoire au siècle suivant au moment où noble homme Julien Bellin, sieur de la Furettaye prend possession du lieu et maison de « Suziniou » le 24 novembre 1654 après la mort de Guillaume Nouel Pinaut, sieur de Suziniou. Le nouveau propriétaire meurt en 1671 à 53 ans. Sa veuve Françoise Coroller, épousée en 1648, reprend les rênes du domaine. Elle n’y réside toutefois pas, préférant vivre dans sa « maison » située sur le quai de Tréguier. Le manoir est doté d’une importante métairie, exploitée en 1679 par Guillaume Le Saout, et d’une fontaine. Mal entretenue semble-t-il. En 1681, à la sortie de la messe dominicale donnée par François Piriou, prêtre et chapelain, dans la chapelle du manoir et devant un « grand nombre des vassaux et voisins du lieu et manoir » on annonce que la fontaine et le lavoir seront à l’avenir nettoyés une fois par mois et à tour de rôle par différents fermiers du domaine. En 1680 une rabine ou avenue neuve est aménagée par mademoiselle de La Furettaye au-devant du manoir.

Manoir de Suscinio

En 1685 François Harscouët, seigneur de Rocheville et Gabriel de La Caze se portent acquéreurs du manoir. Ce « traité » donne lieu à la rédaction d’un aveu, c’est-à-dire une description très détaillée des possessions. Ce document permet de reconstituer virtuellement le manoir et ses terres et de les replacer précisément dans leur environnement. Un document précieux à bien des égards.

Dans les années 1690 le manoir change encore de mains. Au grand dam de Françoise, fille de Françoise Coroller, née en 1651 et épouse en 1664 de Jean Crouëze de la Maillardière conseiller du roi et sénéchal de Morlaix. Elle espère sans doute récupérer une part de son héritage. Après quelques pérégrinations judiciaires le lieu tombe finalement dans l’escarcelle de Jean D’Alancon, sieur des Essars.

En 1779 la « maison manale » de Suscinio-Coz fait trois étages couverts d’ardoises. Son propriétaire d’alors, le sieur de Plouësquellec émigre au début de la Révolution. Le manoir est saisi puis vendu à Charles Cornic.

 

Illustration : Manoir de Suscinio, fin du XIXe siècle

 

© Archives municipales de Morlaix