Un autre regard sur les registres paroissiaux

Les registres paroissiaux, tenus par les curés des paroisses, sont obligatoires depuis l'ordonnance de Villers-Cotterêts de 1539. Morlaix conserve la collection complète de ses registres dont le plus ancien date de 1538. Mais au-delà de la litanie des baptêmes, mariages et sépultures, ces registres laissent filtrer des informations sur la vie de nos ancêtres.

bms saint mathieu 1710    bms saint melaine 1713

Il arrive parfois que des actes apportent des précisions sur les conditions du décès. Dans les années 1740, dans la paroisse de Saint-Mathieu, on note les décès de Hollandais et d’Anglais protestants prisonniers à Morlaix lors de la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748). Il arrive aussi que nous retrouvions des demandes ou des autorisations d’inhumations, comme celle de François Mingant, matelot sur une frégate du roi, mort accidentellement noyé dans la rade en mai 1745 ou celle de Guillaume Casoulat, journalier de l’hôpital et retrouvé noyé dans le port en 1747. En 1748 un procès-verbal relate avec précision le décès de Mathieu Malledant, prêtre curé de la paroisse de Saint-Mathieu. Celui-ci, par curiosité, veut s’approcher d’un navire en construction sur la cale située à l’entrée de l’Allée Saint-François. Une planche se dérobe sous ses pieds le faisant choir de plusieurs mètres de haut. Malgré les soins prodigués il meurt peu de temps après. En 1772, au matin du 24 avril, le sieur Rabbe est retrouvé à la porte de la demeure de sa mère, tué de mort violente. Le procès-verbal ne mentionne pas la cause de son trépas sanglant. En 1780, Hervé Cozic originaire de Ploujean est lui retrouvé mort à l’auberge du Grand-Monarque. On autorise son inhumation dans la paroisse Saint-Melaine.

Les registres peuvent renseigner aussi sur la vie de la paroisse. En 1674, Christophe Nicol, sans doute bedeau de l’église Saint-Melaine, se voit retrancher ses gages pour « le scandale » qu’il cause en raison d’ivresses et d’insolences répétées « et pour avoir joué au carte dans la tour de l’église ». Le 1er juillet 1751 est relatée la pose de la première pierre du presbytère de l’église de Saint-Melaine en présence de messieurs Bernard et Cruypenhink, négociants et « délibérants chargés volontairement de la construction ».

Caricatures et autres dessins nés des divagations de l’esprit de l’officiant ou des hasards des essais de plumes ont aussi la part belle dans les anciens registres paroissiaux. En 1710, sur le premier folio du registre de la paroisse de Saint-Mathieu, un prêtre facétieux a caricaturé l’un de ses condisciples. En 1726 sur le registre de Saint-Melaine trois têtes dénommées Calvez, Carmoy et Cornic semblent nous tirer la langue !

bms saint melaine 1726

 

Illustration : 1) BMS Saint-Mathieu 1710 ; 2) BMS Saint-Melaine 1713 ; 3) BMS Saint-Melaine 1726

 

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