Horaires des médiathèques

1907 : le crime de la place de Viarmes

 

Fanny Le Moult, célibataire née en 1821 à Morlaix, vit semble-t-il paisiblement de ses rentes foncières. Elle décède le 19 mai 1907 dans sa demeure place de Viarmes. Brutalement…

 Place de Viarmes 1910

« La paisible population morlaisienne a pu goûter (…) les émotions violentes qui sont réservées d’ordinaire (…) aux grandes agglomérations ». Mardi 20 mai 1907, le jeune Saux, commis de M. Pitet agent d’assurance qui loue le premier étage à Mlle Le Moult, découvre le corps de la vieille femme bâillonnée dans son appartement en grand désordre. Du sang macule meubles et parquet. Un couteau de table taché de sang semble être l’instrument du supplice. Dans une pièce voisine on trouve des porte-monnaies et un sac de toile vide. D’après le Dr Bodros qui pratique l’autopsie, elle serait morte le lundi soir vers 9h30. M. Quenerdu, juge de paix, pose les scellés. Les investigations policières débutent.

Peu de temps après des suspects sont interrogés et arrêtés. Il s’agit de trois individus qui ont passé la nuit du crime à pratiquer des « exercices bacchiques » dans divers cabarets. Un quatrième, un marin de commerce nommé Castel, échappe à la police. Faute de preuves les trois fêtards sont relâchés. Les investigations se poursuivent. Castel est retrouvé. Il est relâché en l’absence de preuves. L’affaire ne donne pas de résultat, laissant le champ libre aux rumeurs et aux ragots. Charles Le Moult, neveu de la victime, annonce une gratification de 100 F. accordée à la personne qui fera arrêter l’assassin.

En janvier 1909, coup de théâtre. Un soldat cantonné en Tunisie, Burche, se déclare coupable du crime : « j’ai la tête qui me travaille toujours parce qu’en mai 1907, j’ai aidé un nommé Castel de Morlaix à commettre un crime » ! Il est transféré à Morlaix. Castel, devenu docker sur les quais ou à la gare de Morlaix, est aussitôt écroué mais jure son innocence. Burche hésite, dédouane Castel, déclare être l’auteur crime, avoue avoir volé plusieurs milliers de francs chez Mlle Le Moult pour finir par se murer dans le silence. Les deux larrons ont déjà eu maille à partir avec la justice et naviguent entre plusieurs lieux et divers métiers. Fort d’un alibi indiscutable, Burche est innocenté du meurtre. Castel se dit toujours innocent.

Après cinq mois de préventive et incapable de dénouer le vrai du faux, le Parquet décide de relâcher Burche et Castel. Ce dernier rejoint ses pénates. Mais Burche ? Il faut le renvoyer en Tunisie. Cela coute cher : « peut-être Blériot pourrait-il lui fournir un aéroplane ?? » grince ironiquement la presse locale. Le mystère sur le meurtre de Fanny Le Moult demeure.

Illustration : 5 place de Viarmes à l'enseigne Le Saout, lieu du crime, vers 1910

© Archives municipales de Morlaix