1593-1604. L’usurpateur du Château du Taureau

 chateau du taureau

De nos jours, le Château se dresse paisiblement à l’entrée de la baie de Morlaix. Mais dans sa longue vie, il n’en fut pas toujours ainsi.

En 1600, les habitants de Morlaix adressent une plainte au roi de France contre un certain Guillaume du Plessis, sieur de Kerangoff et ancien maire de la ville en 1593. Qu’a-t-il donc fait pour provoquer ainsi l’ire des Morlaisiens ?

Pour bien comprendre il faut se plonger dans la coutume de l’époque. Le Château est bâti aux frais des Morlaisiens. Sa garde et son entretien sont confiés aux notables de la cité. À la fin de son année de mandat, le maire devient traditionnellement capitaine du Taureau et commande une (petite) garnison. Charge honorifique certes, mais qui peut griser certains !

Ainsi à l’expiration de son gouvernement et "contrevenant à son serment" ledit sieur de Kerangoff refuse de céder sa place. Il faut aussi se rappeler que cette époque est trouble pour la Bretagne avec la guerre de la Ligue. Certains pensent que le roi lui aurait demandé de garder le commandement du Château. Oui mais voilà pour subvenir à ses besoins "l’usurpateur" mène des raids sur la ville, rançonne les notables, emprisonne plusieurs habitants de la ville, prend et vend à son compte leurs marchandises. Il aurait tellement appauvri les habitants que "les plus riches (…) d’entre eulx ont quitté la ville". Selon Louis Le Guennec "la seule liste de ses méfaits remplirait une page entière"…

C’en est trop ! Ils en appellent au maréchal de Brissac, lieutenant général de Bretagne qui demande la restitution du fort aux Morlaisiens. Job Hocquart, sergent royal à Nantes, est chargé de remettre en main propre la sentence au contrevenant. Descendu de son bateau il est accueilli par François Daniel, sieur de Kerdanet, et accompagné d’un certain François Le Roux, soldat de son état. Mais point de seigneur de Kerangoff !

Il faudra attendre encore 4 ans pour que le roi le relève de son « commandement », moyennant, selon certaines sources, une forte somme d’argent. Sans vergogne le sieur de Kerangoff se retire fièrement dans son manoir de Coatserho. Quant au Château du Taureau, l’usurpateur le laisse en piteux état. Guillaume du Plessis meurt paisiblement 3 ans plus tard.

 

© Archives municipales de Morlaix