Guillaume Morvan (1796-1881), capitaine au long cours

 

 Le mois d’août est propice aux voyages, à la rêverie, au dépaysement… Plongeons dans les archives, direction : les mers du sud !

Panorama de la baie de Papeete Venus 2

La figure de Guillaume Morvan (1796-1881) apparaît dans les archives : capitaine du port de Morlaix en 1852 et capitaine au long cours. Il nous a laissé des carnets de bord de l’Adolphe un trois-mâts qu’il commandait dans les années 1830-1840. Il pratiquait alors le grand cabotage entre les îles Fidji, Tonga et Samoa.

Le 17 septembre 1844, vers 11h du matin, la vigie s’écrit : « Terre par le bossoir de tribord » ! Le capitaine Morvan semble reconnaître ces îlots : « c’était sans aucun doute (…) les îles découvertes en juin 1791 par le capitaine anglais Edward ». Il s’agit vraisemblablement du capitaine du HMS Pandora parti à la recherche des mutins du Bounty. Du pont de la dunette le capitaine distingue sept îlots « chargés d’arbres, parmi lesquels je distinguais très bien des cocotiers ». Le capitaine les décrit longtemps : « la verdure des massifs qui les couvrent, éclatait malgré la distance, sur le bleu pâle du ciel ». Mais point d’habitants. Il les nomme île York et île Clarence. À la nuit tombante l’Adolphe quitte ses îles désertes semblant sortir de l’imaginaire de Daniel Defoe.

Le lendemain « le lever du soleil fut beau, le ciel (…) était magnifique ». Mais peu de temps après le navire est pris dans des « nuées noires ». Des « torrents de pluie en tombèrent ». L’équipage est « dans les ténèbres jusqu’au cou ». Les marins guettent une éclaircie quand soudain le capitaine « voit surgir à l’horizon (…) une autre terre (...). Je crois d’abord que c’est une vision ». Ce n’est pas un mirage : il s’agit bien de l’île… Clarence. Hier l’Adolphe a croisé l’île York et seulement York. On imagine ces équipages naviguant dans des contrées inconnues et dotés de cartes imprécises. Tout reste encore à découvrir dans ses mers du sud. Le capitaine Morvan l’explique bien : « comment avec des différences si grandes [entre les cartes anglaises et françaises] reconnaître Clarence dans l’île en vue ? ». On sent alors l’excitation devant cette île « ignorée du monde », un lieu paradisiaque couvert de cocotiers et ceint de sable blanc. Pour lui il vient de découvrir une île inconnue. Il la nomme Claire, le nom de sa fille. L’Adolphe quitte les rivages enchanteurs de l’île Claire, un bout de terre de l’Océanie lié dorénavant à l’avenir de notre capitaine morlaisien.

 

Illustration : Voyage autour du monde sur la frégate la Vénus pendant les années 1836-1839 (…), Fonds de la bibliothèque patrimoniale des Amours-Jaunes, cote 50

 

© Archives municipales de Morlaix