Charles Cornic (1731-1809), corsaire et cartographe
Charles Cornic, marin, corsaire, propriétaire terrien… mais aussi cartographe. Soucieux de l’aménagement du port de Morlaix et de sa rivière, Charles Cornic va s’ingénier à proposer dès les années 1760 divers projets pour sécuriser l’entrée des vaisseaux dans la rade.
Les archives de la ville de Morlaix conservent un exemplaire du « plan de la baye de Morlaix dressé par le citoyen Charles Cornic, ancien capitaine de vaisseau (…) » et daté de l’an II de la République française (1793-1794). Mais ce désir de sécurisation de la rade ne date pas d’hier. En 1775 Charles Cornic propose déjà un projet de balisage pour faciliter l’entrée de la rade. Sa proposition semble trouver un écho favorable auprès des autorités car dès l’année suivante il s’installe avec ses ouvriers sur les bords de la rade. Les balises sous la forme de barres de fer (Petit Arémen, Calhic, Manou, le Mendoux…), une tour cylindrique située sur la roche la plus élevée et nommée « Duon » et « disposée à établir un phare », ainsi que plusieurs petites tours disséminées à l’entrée de la rade (île Callot, île Louis…) sont installées sur les principaux écueils. L’entretien du balisage revient à Charles Cornic car aucun fonds n’était prévu pour cela par la Marine avant 1784. La même année un rapport note la « grande utilité » de ce balisage qui, depuis 7 ans, a empêché les naufrages. Une réalisation qui contribue rien de moins qu’au « bien de l’Humanité ».
Cette réalisation physique s’accompagne d’une carte de l’entrée de la rivière dressée dès 1776 par Charles Cornic. Elle n’est imprimée qu’en 1793, signe de la difficulté pour la faire publier. Pour son auteur elle est pourtant le complément indispensable de son balisage. Il cite le cas d’un vaisseau malouin qui a péri près de Terenez. Son capitaine ne disposait pas de la carte et de ses instructions et à mal interprété le balisage de la baie.
Le produit de la vente des cartes (environ 800 livres) est distribué en grande partie aux familles indigentes des marins de l’arrondissement de Morlaix (550 livres). Le restant est employé aux réparations des tours et des balises.
Le plan est accompagné d’instructions, d’observations et de notes qui permettent de guider aux mieux les marins. Si son utilisation en 2022 est plus que risquée, et au-delà de son aspect esthétique, il permet surtout d’apprécier la toponymie de la baie et son évolution.
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