Joseph François Desloge, 40 années de vie politique.

Le 6 mars 1887 à 2 heures du matin mourait dans sa demeure située sur le quai de Léon un personnage méconnu des Morlaisiens : Joseph François Desloge. Il a pourtant parcouru toute la vie politique de la ville pendant une bonne partie du XIXe siècle. 

 ancien hotel de ville

 

1793-1830. Une jeunesse en pointillé

Joseph François naît le 4 septembre 1793 à Nantes rue de la Contre-Escarpe de Joseph Desloge, négociant de son état, et de Marie Angélique Rozier fille de négociant et d’un échevin de la ville. L’enfance de Joseph est peu documentée mais il baigne dès son plus jeune âge dans le négoce nantais.

Joseph apparaît dans le paysage morlaisien en 1814 auréolé de galons de maréchal des logis obtenus héroïquement à la bataille de Leipzig en octobre 1813. Dans ces premières années de vie morlaisienne il côtoie la puissance famille Homon, négociant très en vue dans la cité, au point d’épouser leur fille, Marie Guillemette, en 1817. Trois filles naîtront de cette union (Marie Renée, Marie Louisa et Mathilde) ainsi que deux garçons (Adolphe et Charles). En 1845 il participe avec son beau-frère Charles Louis Homon et d’autres associés à la fondation de la Compagnie linière du Finistère.

 

1830-1848. L’orléaniste convaincu

Joseph François Desloge entre dans la vie publique morlaisienne en septembre 1830 au moment du basculement du régime au profit de Louis-Philippe d’Orléans. Il fait alors office d’adjoint provisoire du maire suite au décès de celui-ci et aux démissions des deux adjoints. S’ouvre ainsi un page de 40 années au service de la ville.

En novembre 1831 il intègre officiellement le conseil municipal à la faveur des élections municipales d’octobre. Il remplace le maire Rivoallen emporté par le choléra en 1832. Entre février 1835 et novembre 1837 il fait fonction de maire suite à la démission de M. Guegot de Traoulen. En novembre 1837 il est premier adjoint du maire Pitot du Hellès.

Enfin en février 1844 il devient maire. Orléaniste convaincu il démissionne à la chute de la Monarchie de juillet en mars 1848.

 

1848-1871. La figure tutélaire

Homme de devoir avant tout il consent à rester une vingtaine d’années adjoint avant que les événements tragiques de 1870 ne le rappellent à la direction de la municipalité. Vieil homme de près de 80 ans il offre la figure du protecteur de la ville en des temps troublés.

Dans la séance du 26 mai 1871, les conseillers louent le dévouement de M. Desloge qui « a bien voulu, malgré son âge, ses nombreuses occupations (…) accepter la charge provisoire de l’administration de la commune ». Le conseil signale « les fatigues et les difficultés de la tâche à remplir (…) devant lesquelles M. Desloge n’a jamais reculé (…) ».

Aux longs états de services administratifs il faut ajouter qu’il est depuis 1830 et jusqu’à son décès membre du Bureau de bienfaisance et qu’il fut membre de la commission de l’hospice, administrateur de la Caisse d’épargne, juge consulaire, membre de la Chambre de commerce, président de la fabrique de la paroisse de Saint-Martin.

 

Le saviez-vous ?

Les familles Desloge et Rozier auront une destinée particulière aux États-Unis. Le frère de Joseph, Firmin, s’installe outre-Atlantique dans les années 1820 et s’intéresse avec son oncle Ferdinand Rozier au négoce de la fourrure.

Firmin développe, dans le sud du Missouri, l’industrie minière du plomb en créant la Desloge Lead Company. Son fils Firmin Vincent créé la ville de Desloge qui compte plus de 5 000 habitants en 2010. Philanthrope, ce cousin de notre maire morlaisien est l’un des hommes les plus riches au monde à sa mort en 1929. La famille Desloge est toujours très active dans la région de Saint-Louis (Missouri).

 

Illustration : Ancien Hôtel de Ville de Morlaix vers 1830

 

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