Le manoir de Kernéguès, avant le lycée. Première partie

Cette année nous célébrons les 130 ans de l’inauguration du collège puis lycée construit sur le site de Kernéguès. L’occasion de revenir sur l’histoire de ce lieu avant sa fréquentation par les étudiants.

Kernéguès apparaît dans les archives de la ville en 1772 lorsque son propriétaire, César Hyppolite Carné, seigneur de Kernéguès, Kerastang et « autres lieux », afferme, c’est-à-dire loue, à Pierre Ferrec et à sa femme Yvonne Loscun « ledit manoir de Kernéguès (…), colombier, maisons, terres chaudes que froides, près, prairies ». Le seigneur se réserve toute de même « la chambre et le cabinet au-dessus de la cuisine, la chapelle et la petite écurie ». À la lecture de cet acte on entrevoit un manoir important et bien pourvu en terres… mais guère en bon état car le seigneur promet de « faire faire les réparations (…) pour les garantir de la pluye ».

Manoir de Kernéguès

En 1781 le manoir noble et ses possessions et droits, dont un droit de banc dans l’église Saint-Mathieu, passe dans le giron de la famille de Guillaume Postic sieur de Kerbriant, négociant, pour la somme de 3 600 livres. La vie au manoir semble paisible, simplement troublé en 1824 par un litige avec les riverains de la rue des Brebis au sujet de l’accès à la fontaine et au lavoir du manoir. Cette « affaire de la fontaine » suivra la famille de Kerbriant jusqu’aux années 1870.

Dans les années 1880 la ville aliène le Champ-de-Bataille. Elle concède à l’Etat son champ de foire du Pouliet afin d’y créer la gare du chemin de fer de Morlaix à Carhaix. Morlaix manque de vastes terrains à proximité de la ville pour satisfaire ses besoins. En 1882 les regards se tournent vers la propriété de Kernéguès qui, heureux hasard, est à vendre. Le maire est enthousiaste. Les 20 hectares pourraient servir de vaste champ de foire, de lieu de manœuvre pour la garnison, de cimetière, de ravissante promenade. Il resterait même quelques hectares qui, une fois lotis, seraient revendu pour élever des constructions. Pour ne rien gâcher le site est bien pourvu en voies de communication en bon état. M. Préauchat, conseiller municipal, émet bien quelques doutes sur la pertinence de cette acquisition, notamment financier, la ville n’ayant pas beaucoup de moyens. Des remarques balayées car par 12 voix contre 7 le conseil décide de l’acquisition de la propriété en juin 1883. Le mois suivant le domaine de Kernéguès est acheté pour une somme de 79 100 F. Le sous-préfet, par un arrêté du 25 avril 1884, entérine l’acquisition.

 

Illustration : Manoir de Kernéguès, cadastre napoléonien, 1833

 

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