Histoire de l’hôtel de ville. Première partie

Le 2 mai 1841, M. le curé de Morlaix bénit l’hôtel de ville « heureusement terminé, en dépit de toute les difficultés, de tous les obstacles qui sont venus en retarder la construction ». Ce « temple de la Concorde » et « trône de la justice » est finalement achevé en 1843 par des travaux rendus impératifs pour la venue du duc de Nemours, fils puîné du roi Louis-Philippe, et de son épouse. C’est le point final à près de 250 ans d’inconfort pour nos édiles morlaisiens.

Hotel de Ville 1780

À la fin de l’époque médiévale, Morlaix est une cité florissante de près de 5 000 habitants. Une élite bourgeoise y prospère fruit du commerce de la toile. Le port se développe à la confluence du Jarlot et du Queffleuth. Progressivement des privilèges sont accordés à la ville par le duc. Morlaix devient une « bonne ville », autrement dit le duc consent, sous certaines conditions, à ce qu’une minorité de gens aisés et fidèles s’occupe, au sein d’assemblées générales ou de conseils restreints, de tout ce qui concerne la cité y compris sa défense. La guerre de Succession de Bretagne (1341-1364) accélère ce mouvement et à la fin du XIVe siècle un Conseil des bourgeois siège sous la présidence d’un représentant du pouvoir central. En l’absence de maison commune les réunions se déroulent dans des édifices cultuels, notamment dans l’église Saint-Jacques aujourd’hui disparue et proche des halles. En 1561 cette autonomie est confirmée par une lettre patente du roi. Il manque un bâtiment pour sceller ces pouvoirs acquis depuis 2 siècles.

En 1610 une maison commune est bâtie sur la place de l’Éperon et n’abrite pas uniquement les assemblées de la communauté. Les « salles et galeries » servent d’auditoire pour la juridiction consulaire, de halles pour le marché des toiles, de bureau pour sceller les toiles et de corps de garde pour les troupes « de sa maiesté » et même de prison en 1792. Hélas en 1699 le bâtiment n’est toujours pas achevé et donne, déjà, des signes inquiétants de fatigue. Une partie du bâtiment menace de s’écrouler en 1756 et en 1764. En 1725 sa toiture est en si mauvais état « qu’il pleut partout ». En 1778 des travaux sont demandés pour « empêcher que les eaux pluvialles ne pourrissent la charpente et les planchers et ne tombent sur les archives ».

En 1824 la municipalité songe à reconstruire une aile de l’hôtel de ville ruinée et occupée par le tribunal civil. En arrière-plan se dessine la reconstruction générale du bâtiment. En 1831 « l’hôtel de ville est dans un état de ruine imminent ». En 1832 la décision est prise : il faut reconstruire en totalité l’hôtel de ville. C’est surtout le début des problèmes pour nos conseillers municipaux…

Hotel de Ville 1830

 

Illustration : 1) Grand Place et Hôtel de Ville vers 1780, dans l'histoire de Daumesnil ; 2) Grand Place et Hôtel de Ville côté Tréguier, vers 1830, d'après du Lézard

 

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