Histoire de l’hôtel de ville. Seconde partie

En 1832 la municipalité décide de remplacer le vieil hôtel de ville datant de 1610 et devenu impropre aux réunions du Conseil. C’est surtout le début de dix longues années de difficultés.

Hotel de Ville 3

Dans les années 1830 un bâtiment vétuste en partie démoli, aux façades lézardées et au voisinage encombré de matériaux divers, accroche le regard du voyageur passant par Morlaix et offre une image peu amène de la cité portuaire. L’antique maison commune fait peine à voir. En seulement 220 ans, elle est à bout de souffle. Le Conseil décide de faire table rase de ce passé pour bâtir un nouvel hôtel de ville « plus en harmonie avec les progrès des arts et avec l’importance actuelle de notre ville »

En février 1834, l’idée est d’édifier un bâtiment plus vaste pour accueillir l’administration municipale, les tribunaux, la Chambre de commerce, les marchés couverts, la justice de paix, les poids publics, etc. Cette construction aura pour résultat « l’embellissement de notre ville, l’agrandissement de la place, l’assainissement d’une partie de ses marchés, la commodité du commerce ». Le jeune entrepreneur-architecte désigné, Alfred Guesdon, offre toutes les garanties pour un montant de 135 000 F et une livraison « clé en main ». Les devis et plans fournis sont examinés en plus haut lieu. En 1835 les premiers coups de pioches sont donnés.

Mais en février 1836 le bruit des pioches s’interrompt : l’existence, non anticipée, d’un canal vouté qui reçoit les rivières de la ville sous la place compromet la stabilité de l’édifice et contrarie la suite du chantier. La responsabilité de l’entrepreneur est engagée et le Conseil est embarrassé : on ne sait que faire… Devant le prix élevé proposé par l’entrepreneur pour repenser son ouvrage, le Conseil décide d’adopter le détournement des eaux au moyen de la construction d’une nouvelle voûte qui contournerait l’extrémité sud-ouest de l’hôtel de ville, dont le plan initial resterait inchangé. Ceci aux frais de l’entrepreneur. D’autre part l’emploi de pierres de taille « par leur état de décomposition » semblent « offrir peu de garantie de solidité ». Le public s’en émeut et se plaint à la municipalité. En 1837 le chantier est suspendu. Le tribunal civil est saisi de l’affaire. L’entrepreneur abandonne le chantier et aurait même « quitté le pays sans donner avis de son absence ».  Il livre sa version des faits dans un long mémoire conservé aux archives. Pour lui le chantier est rendu impossible par les tracasseries et les vexations des élus cherchant à édifier un hôtel de ville à l’économie. Malade et exaspéré, il quitte donc Morlaix.

En avril 1838 il propose de résilier son contrat. Résiliation actée par la justice en octobre. Il faut maintenant clore ce chantier qui encombre cette grande place, déstabilise les comptes de la ville et prive de travail les ouvriers et journaliers de la ville. Les travaux reprennent sous la direction de deux architectes, MM. Boyer et Delaunay. Les travaux s’étalent jusqu’en 1843. C’est l’aboutissement d’un long chantier de près de 10 ans fruit d’incompréhensions entre la municipalité et l’architecte.

 

Illustration : Hôtel de Ville de Morlaix (carte postale)

 

© Archives municipales de Morlaix