La description de l’Égypte
La bibliothèque patrimoniale des Amours-Jaunes a la chance de conserver dans ses fonds la collection complète de "La description de l'Égypte", une encyclopédie publiée en 23 volumes entre 1809 et 1822.
1798. Le régime du Directoire a des vues sur l’Égypte sous domination ottomane. Le but est d’empêcher les Britanniques d’accéder à la route des Indes, d’ouvrir une voie commerciale vers l’Extrême Orient et de contrôler une partie de la Méditerranée. C’est aussi le moyen d’éloigner de la métropole un jeune général turbulent et ambitieux : Bonaparte. Partie de Toulon l’expédition militaire se double d’un volet scientifique. Un groupe de 167 savants, ingénieurs, dessinateurs, architectes et naturalistes suit l'armée. Ils sont destinés à aider l'armée dans sa logistique. Si le versant militaire de l’expédition est un échec, il n’en va pas de même pour le versant scientifique.
Le 22 août 1798, la fondation de l’Institut d’Égypte lance les recherches sur la topographie, l’histoire, l’art, l’archéologie et la culture de l’Égypte moderne et antique. Parmi les savants se trouvent des personnages aussi brillants que Vivant Denon, le naturaliste Geoffroy Saint-Hilaire, le chimiste Berthollet ou le mathématicien Gaspard Monge. Symbole de cette ambition, la découverte fortuite le 19 juillet 1799 de la pierre de Rosette qui permettra à Champollion de percer le mystère des hiéroglyphes. Elle est abandonnée aux Anglais ainsi qu’une partie du matériel scientifique accumulé lors de reddition finale de 1801.
Le 18 février 1802, Chaptal, ministre de l'intérieur, convoque les savants de retour d’Égypte. Une commission de 8 membres est nommée pour réunir et publier le matériel scientifique de l'expédition. Un premier volume de gravures est présenté à l'empereur en janvier 1808 et les premiers volumes paraissent en 1809. L’édition conservée à la bibliothèque fait partie de ces 1 000 exemplaires de cette édition dite "Impériale". La fraîcheur des couleurs et le détail des gravures en font un ouvrage exceptionnel à feuilleter.
Cette monumentale "Description de l’Égypte" comporte plus de 1 000 planches sur l’architecte, la faune, la flore et les arts. Elle ouvre la voie aux grandes études sur la civilisation pharaonique, marquées par le déchiffrement des hiéroglyphes par Champollion en 1822, l’ouverture du musée égyptien par Charles X au Louvre en 1826, et l’installation de l’obélisque de Louxor place de la Concorde en 1836. Dans ses fonds, la bibliothèque de Morlaix conserve un morceau de cette égyptomanie.
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