Les origines de la place du Dossen
Janvier 2024. Les premiers coups de pelleteuse mettent à bas les anciens bâtiments bordant la place du Dossen, ouvrant ainsi un nouveau chapitre dans l’aménagement de ce lieu.
Dossen ou tossenn, signifie « butte » dans les pays léonard et trégorois. Cet espace était sans doute une petite éminence située en bordure de l’enceinte médiévale à l’endroit où le Jarlot opère un coude. Formant un quartier il est le lieu de passage entre la venelle des Archers et la rive droite du Jarlot. Pour autant son histoire ancienne est peu ou mal connue.
En août 1832 la municipalité acquiert la maison n°20 place des Halles, appartenant à M. Jannou (ou Rannou), pour la démolir et agrandir ladite place et créer une nouvelle voie « facile, commode et nécessaire » la reliant au Dossen. Pour des raisons de salubrité, les édiles envisagent d’y édifier une halle à la viande en complément de celle aux grains sise place des Halles, alors trop resserrée et peu aérée. Pour se faire la ville achète la maison de M. Le Gris en 1833 et pour préparer le futur chantier, l’espace est nivelé en 1834-1835, créant ainsi un espace dégagé. Mais l’hôtel de ville, qui se trouve dans un état de vétusté dramatique, nécessite des travaux d’urgence, qui conduiront à sa reconstruction. Les fonds dédiés à l’aménagement de la place du Dossen sont siphonnés par les travaux de l’hôtel de ville. Seule la nouvelle voie est réalisée.
Le percement de la rue de Paris dans les années 1830-1840 donne à la place une importance nouvelle. L’Hôtel de Provence loge les voyageurs qui, le soir venu, assistent aux spectacles donnés dans la salle Bizien autrement appelée salle de la Renaissance inaugurée en juin 1854. La place accueille également le marché aux choux et divers spectacles. En septembre 1845 une troupe lyonnaise y dresse sa « loge » et propose des tours de force et d’agilité ainsi qu’un épisode du naufrage de la Méduse. Le lieu devient vite exigu. En 1864 La ville s’ingénie à acquérir d’Eugène Boulineau fils, une partie de l’auberge qu’il possède aux nos 3 et 4 de la place par voie d’expropriation. Les choses se compliquent lorsque les locataires dudit Boulineau, les époux Grall, lui reprochent de ne pas avoir fait les travaux promis dans le bail. L’aubergiste considère que la commune est responsable de cette situation et la poursuit en justice. Celle-ci donne raison à la commune. Malgré tout l’affaire traîne encore jusqu’aux années 1870.
Illustrations : 1) L'auberge d'Eugène Boulineau, 1864 ; 2) Plan d'ensemble des immeubles de M. Boulineau, 1867
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