Le couvent des ursulines, 380 ans d’histoire
Le couvent des ursulines est construit dans les années 1640 en haut de la rue des Vignes. Un don pécuniaire de la famille Thépault permet l’achat du terrain.
Des sœurs de la communauté de Tréguier, menées par Mère Louis Guays de Jésus, entrent à Morlaix le 11 août 1638 à l’invitation du « corps de ville ». Elles dépendent de l’ordre de Sainte-Ursule fondé en 1535 à Brescia en Italie par Angèle Merici (1474-1540), canonisée en 1807. Elles se consacrent à l'éducation des filles ainsi qu'aux soins des malades et des nécessiteux.
« Un dortoir logeable » est achevé en 1645 et la chapelle est bénie en 1659. Une lettre patente de Louis XIV de 1686 confirme l’existence de la communauté. Au XVIIIe siècle le couvent est une « maison d’éducation ». Les journées des pensionnaires sont organisées entre formation religieuse et leçons d’écriture, d’orthographe ou de calcul. Les jeunes filles restent cloîtrées jusqu’à leur sortie définitive. Les visites aux familles sont rares. Ainsi s’écoule la vie de la communauté jusqu’à la tempête révolutionnaire. Les religieuses sont inquiétées et suspectées, notamment d’abriter des prêtres réfractaires, c’est-à-dire hostiles à la déclaration civile du clergé qui soumet l’Église au pouvoir civil.
En octobre 1791 elles doivent prêter serment de fidélité à la Nation pour conserver le droit d’enseigner. Elles refusent. L’école est fermée. Petit à petit l’État s’immisce dans le fonctionnement de la communauté. En janvier 1792 des officiers municipaux visitent la communauté et recensent les religieuses : 19 sœurs et 13 sœurs converses qui persistent dans leur refus de prêter serment. Le 24 octobre 1792 elles sont invitées à « vider les maisons qu’elles occupent » pour le 29 octobre. Les sœurs se dispersent. Certaines maintiennent une vie communautaire dans une maison de la rue Villeneuve.
L’hôpital militaire du Bel-Air succède au couvent. En 1807 les sœurs réintègrent « leur maison ». Malgré des aléas liés à la propriété du couvent, l’enseignement donné par les sœurs se poursuit et se développe. Au tournant du XXe siècle l’ambiance anticléricale pousse le couvent à s’adapter. L’enseignement se maintient sous couvert laïc. En 1914 le couvent devient « hôpital temporaire n°35 » et soigne des blessés du front. 1970 marque une rupture : la nouvelle carte scolaire pousse les ursulines à abandonner leur œuvre d’enseignement, hormis une école maternelle notamment.
Les sœurs quittent les lieux en 2009. L’école ferme en 2015. Une nouvelle page d’histoire est à écrire à l’ombre de la chapelle et du cloître, classés monuments historiques en 2004.
Illustration : Couvent des ursulines, vers 1880
© Archives municipales de Morlaix