6 juin 1858. L’éclairage au gaz arrive à Morlaix
Le premier gaz d’éclairage est obtenu dans les années 1780 par l’ingénieur Philippe Lebon. 60 ans plus tard, la moitié de la ville de Paris s’éclaire au gaz au moyen de becs qu’un personnel dédié allume et éteint manuellement. Dans ces mêmes années la ville de Morlaix est éclairée par des réverbères alimentés par de l’huile. Les édiles souhaitent monter dans le train de la modernité et dès février 1848, profitant de l’expiration prochaine du marché d’éclairage à l’huile, entament des pourparlers pour assurer l’éclairage public au gaz.
Ce n’est qu’en juin 1852 qu’une première compagnie, celle de MM. Gautier et Salmon, est approchée. Un premier traité est en projet en décembre. Mais en juin 1853 l’affaire est « manqué » car le soumissionnaire n’a pas déposé le cautionnement provisoire de 3 000 F. imposé par le traité. L’huile alimente donc toujours les réverbères.
En mai 1855 un nouveau traité est en gestation avec MM. Le Bon, père et fils, propriétaires de l’usine à gaz de Falaise. L’un des membres de la famille (le père ou le fils ?) vient à Morlaix et est disposé à entreprendre l’éclairage de la ville pour le compte de la Compagnie centrale d’éclairage au gaz. Un premier traité est signé le 26 novembre 1855 pour une période de 30 ans. Mais en février 1856 un membre du conseil municipal demande « où en est l’affaire de l’éclairage au gaz et si l’on peut espérer d’obtenir une prompte conclusion ». Interrogation pertinente car « l’affaire » bloque sur le choix d’un emplacement pour la future usine. En effet ce nouveau mode d’éclairage sous-entend la construction d’une usine pour produire le gaz d’éclairage. Le Champ-de-Bataille d’abord pressenti est écarté. La Ville refusant de céder cet espace utile au dépôt des marchandises arrivant des steamers. L’éclairage à l’huile continue donc, assuré par la compagnie d’Eugène Le Bon.
En 1857, l’usine s’installe finalement près des écluses sur le site de l’ancien four à chaux Peschard. Fruit d’un long processus, le gaz de ville ou gaz manufacturé est produit à l’aide de coke. Le 6 juin 1858 un premier test est assuré dans les rues de Morlaix. La population remarque alors « l’éclatante pureté de la lumière ».
Dans un premier temps l’éclairage à l’huile et au gaz cohabitent jusqu’aux années 1860. Mais peu à peu le réseau d’éclairage public au gaz étend sa toile dans les rues et les places de la ville. L’usine à gaz fonctionne jusqu’en 1963.
Illustration : Écluses et usine à gaz
© Archives municipales de Morlaix